Je suis nostalgique. Nostalgique du temps où la technologie ne régnait pas en maître, d’un temps où existait un rituel évoquant le doux frisson de l’attente : celui des lettres manuscrites, des mots tracés à la main sur du papier, porteurs de promesses et d’émotions.
Dans ma mémoire subsistent encore ces moments, résonnent le doux bruit d’une enveloppe que l’on déchire, du papier que l’on déplie.
Chaque jour apportait la possibilité d’une lettre, et avec elle la possibilité de l’isolement de la lecture. Chaque pas jusqu’à la boîte aux lettres était empreint d’une excitation particulière. L’espoir.
Les timbres colorés faisaient le bonheur des collectionneurs, les enveloppes scellées devenaient des fenêtres vers d’autres mondes, des passerelles reliant les cœurs et les esprits.
Toute la magie résidait dans l’écriture elle-même. Chaque lettre formée à la main portait l’empreinte unique de son auteur. Chaque pli de papier semblait contenir un peu de l’âme de celui qui l’avait plié.
Ecrire prenait du temps. C’était une époque où, ce temps que l’on juge si précieux aujourd’hui, nous le prenions sans penser que nous le perdions. Il était chargé d’émotions à transmettre, d’aventures à partager, de secrets à divulguer, de connivence à chérir.
Aujourd’hui les écrans ont remplacé la plume et le papier. Les messages voyagent à la vitesse de la lumière et se matérialisent en pixels plutôt qu’en encre. L’instantanéité a éclipsé la lenteur le rituel de l’attente, la valeur émotionnelle et personnelle d’une lettre manuscrite, la dimension mémorielle.
Mais qu’il est bon de se rappeler le charme des lettres manuscrites. Et celles, les plus précieuses, que l’on a conservé et que le temps a jauni.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si certaines lettres ont traversé les époques : celles de Napoléon Bonaparte à Joséphine de Beauharnais, de Marie-Antoinette à Madame Élisabeth, de François Rabelais à ses amis humanistes, de Victor Hugo à Juliette Drouet. Et celles de Voltaire, Van Gogh, Madame de Sévigné, Einstein, et tant d’autres. Chacune étant le reflet d’une époque et d’un contexte historique.